Pourquoi ?
Dans un syndicat où les discussions sont nombreuses en raison de son organisation démocratique, il faut parfois mettre un terme aux débats. Pour moi, une chose a toujours été claire : une fois qu’une décision est prise, il n’y a plus de discussion à avoir, du moins dans l’immédiat. J’ai souvent dû m’imposer, mais toujours pour de bonnes raisons. Car je suis convaincue que ne prendre aucune décision est pire que d’en prendre une mauvaise. Celle-ci peut être corrigée et on peut en tirer des leçons.
Dans tous les cas, cela t’a réussi. Quels ont été les plus grands succès de transfair au cours des 15 dernières années ?
D’une part, nous avons obtenu beaucoup sur le plan politique, par exemple avec notre engagement en faveur de l’initiative sur le congé paternité. Après avoir accepté la contre-proposition du Parlement fin 2019, nous avons combattu avec succès le référendum contre celle-ci en 2020. La contre-proposition a été acceptée la même année. D’autre part, nous avons régulièrement réussi à obtenir des améliorations dans les conventions collectives de travail (CCT), comme des congés parentaux allant au-delà des dispositions légales minimales, ou le droit à la déconnexion durant le temps libre.
Tournons-nous vers l’avenir : quels défis vois-tu pour transfair à l’avenir ?
transfair doit lutter de manière très ciblée contre le démantèlement du service public. Cela pourrait bientôt devenir une réalité dans les transports publics, car les prestataires étrangers font pression pour obtenir des lignes rentables. Mais si seules les lignes les plus attrayantes sont desservies, les régions isolées, comme la vallée la plus reculée du Jura, risquent d’être coupées du réseau. Or, c’est précisément la couverture complète du territoire suisse qui fait que nos TP font actuellement partie des meilleurs du monde.
Selon toi, transfair garde donc sa raison d'être à l'avenir ?
Absolument. Grâce à son engagement en faveur du service public, transfair garantit à l’ensemble de la population de Suisse l’accès aux TP, aux services postaux ou à la fibre optique. Je suis économiste et je sais que sans cet accès égalitaire, le fossé entre riches et pauvres se creuse. Bien sûr, dans certains cas la suppression de structures établies – actuellement surtout en raison de la numérisation – ne peut être évitée. L’exemple le plus récent et le plus émotionnel est certainement la réduction du nombre de bureaux de poste, qui a déjà coûté de nombreux emplois. transfair est là pour accompagner les personnes concernées, trouver des solutions équitables et leur offrir de nouvelles perspectives.
Pour finir, encore une question personnelle : que vas-tu faire après transfair ?
Après mon AVC, j’ai dû me réorienter et je suis actuellement à la recherche d’un emploi. Je ne sais donc pas encore exactement ce que je vais faire. Ce qui me plairait beaucoup, ce serait d’allouer de l’argent pour une fois, par exemple pour une fondation, au lieu de budgéter littéralement chaque crayon. Mais je suis également ouverte à d’autres opportunités.